Nanoparticules : que font-elles dans nos assiettes ?

Une nouvelle étude dévoile la présence de nanoparticules dans certains biscuits, plats préparés et chewing-gums sans qu’elle soit mentionnée sur l’étiquette. D’ailleurs, que font-elles dans nos aliments ? Sont-elles nocives pour la santé ?

Industriels et fournisseurs : le silence est d’or...

Problème : l’opacité est de mise chez les industriels de l’agroalimentaire. Parmi les entreprises démasquées par l’étude d’Agir pour l’environnement, Carrefour n’a pas souhaité nous répondre et William Saurin a ignoré nos demandes. Seul Mondelez International, à qui appartiennent les marques LU et Malabar, a bien voulu communiquer. Et sa réponse est sans appel : « nous n’utilisons pas les nanotechnologies dans l’élaboration de nos produits ». Autrement dit, s’il y a des nanoparticules dans leurs chewing-gums et leurs biscuits, ils ne sont pas au courant. Alors, à qui la faute ?

Certains industriels de l’agroalimentaire pointent du doigt leurs fournisseurs, et plus précisément les fournisseurs d’additifs. Ces composés ajoutés aux aliments pour préserver leur qualité sanitaire, améliorer leur aspect, leur goût ou leur texture ont déjà mauvaise presse. Certains d’entre eux sont en effet accusés d’être nocifs pour la santé. Cerise sur le gâteau, ce sont eux qui se retrouvent dans nos assiettes en partie sous forme de nanoparticules. Ces dernières pourraient être produites accidentellement lors de leur fabrication, arguent certains industriels. Difficile de vérifier si c’est réellement le cas, tant le silence prévaut aussi du côté des fournisseurs. « Admettons que cela soit vrai. Pourquoi les marques ne mettent-elles pas en place des contrôles ? » questionne Magali Ringoot. La réponse tient peut-être en un mot : le prix. Car si les techniques permettent aujourd’hui de détecter la présence de nanoparticules, mais aussi de tamiser les additifs afin qu’ils ne soient composés que de particules d’une dimension donnée, tout cela a un coût... que les industriels ne sont sans doute pas prêts à payer.Reste que même si aucune n’a voulu nous le confirmer, certaines marques de l’agroalimentaire pourraient bel et bien utiliser les nanotechnologies. Autrement, comment expliquer par exemple que le mélange d’épices pour guacamole analysé par Agir pour l‘environnement contienne un additif anti-agglomérant (du dioxyde de silice) à 100 % sous forme de nanoparticules ? Pour sa part, Christelle Chapteuil, administratrice du Syndicat national des compléments alimentaires (Synadiet), ne s’en cache pas. « Dans le secteur des compléments alimentaires, les particules nanométriques contenues dans les additifs présentent un réel intérêt industriel, confirme-t-elle. Elles sont si petites qu‘elles permettent aux poudres de mieux s’écouler et facilitent ainsi le remplissage des gélules. Sans elles, je ne suis même pas sûre que nous saurions comment fabriquer nos compléments alimentaires sous leur forme actuelle. » Certains additifs utilisés dans ces gélules sont d’ailleurs aussi employés dans l’alimentation biologique.

La taille des nanoparticules pourrait également booster leurs propriétés chimiques. En effet, si l’on compare un gramme de produit contenant uniquement des nanoparticules à un gramme de particules plus grosses, les nanoparticules sont forcément plus nombreuses, car elles sont plus petites. Et puisqu’il y en a plus, leur surface est plus importante donc davantage susceptible de réagir avec leur environnement. Mais aussi avec notre organisme.