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Article Libération

Boissons énergisantes : « suspicion » d’effets graves sur la santé
8 juin 2012 à 10:54

Interview L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation a appelé mercredi les professionnels de santé et les particuliers à signaler tout effet indésirable. La professeure Irène Margaritis a répondu aux questions de « Libération ».
Recueilli par Jennifer Delrieux

Les boissons énergisantes sont encore dans la ligne de mire. Après avoir répertorié six cas suspects d’effets indésirables très graves - avec deux décès - chez des consommateurs depuis 2008, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a appelé, mercredi, les professionnels de santé et les particuliers à signaler tout incident lié à leur consommation. Objectif à terme : statuer sur l’éventuelle dangerosité de ces boissons. La professeure Irène Margaritis, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses, a répondu aux questions de Libération.
Pourquoi l’Anses a-t-elle lancé un appel aux médecins et aux consommateurs de boissons énergisantes ?

L’objectif est de solliciter les professionnels de santé pour qu’ils fassent remonter d’autres cas éventuels. On a besoin de tous les signalements avec des détails sur la consommation de boissons énergisantes, sur l’état physiologique de la personne... Tout ce qui pourrait augmenter les risques. On cherche à connaître la nature des facteurs et les conditions qui pourraient déclencher les effets indésirables. Les éléments scientifiques et les remontées sur le terrain sont pris en compte et analysés. Si les cas ne sont pas déclarés, on aura beaucoup de mal à avancer. On est encore à l’étape des signalements et au début des analyses. Il s’agit plutôt d’une suspicion due à un processus de cause à effet, mais rien n’est établi pour le moment.
Combien de personnes ont signalé avoir ressenti des effets indésirables après la consommation de boissons énergisantes ?

Six cas ont été signalés en tout depuis que la surveillance a été reprise par l’Anses en 2009 dans le cadre du dispositif de nutrivigilance [la surveillance était effectuée depuis 2008 par l’INVS, Institut de veille sanitaire, ndlr]. Cinq de ces six cas ont été signalés entre 2011 et 2012. Il y a eu deux décès, un en décembre 2008 et un en 2012 ; les quatre autres cas se sont révélés très graves. L’une des personnes a souffert d’une insuffisance rénale aiguë.
Pourquoi les boissons énergisantes sont-elles dangereuses ?

Le caractère dangereux des boissons énergisantes tient à leur composition : caféine, guarana, taurine, vitamines, minéraux... Ces substances y sont présentes en concentration élevée. Elles ont un caractère supra nutritionnel. Elles n’existent pas à ces doses-là dans l’alimentation courante. On s’expose à des risques plus importants que si on reste à des doses nutritionnelles. En consommant deux cannettes, on peut dépasser les limites de sécurité.
Quels seraient les effets indésirables ?

Les effets déclarés sont de type neurologique avec des tremblements ou la perte des repères spatio-temporels. Il y a également des risques psychiatriques avec des troubles du comportement, l’anxiété, et des risques cardiologiques. Il faut également bien différencier les boissons énergisantes des boissons énergétiques. Ces dernières sont fabriquées pour accompagner le sportif pendant la pratique de son activité ou lors de la phase de récupération. Les boissons énergisantes ciblent les personnes « actives », mais elles ne sont pas adaptées à l’activité physique, ni au sportif, car leur consommation comporte des risques cardiovasculaires ou de déshydratation. Les risques cardiovasculaires apparaîtraient également avec l’ajout d’alcool. Sur les six cas recensés, cinq avaient consommé des boissons énergisantes accompagnées d’alcool. Une étude sur les profils des consommateurs et leur mode de consommation sera d’ailleurs publiée à l’automne 2012. Ces travaux montrent déjà qu’un consommateur de moins de 35 ans sur quatre associe occasionnellement ces boissons énergisantes à de l’alcool.