L’Alimentation durable

 <span style="color:#0000FF;"> LES IMPACTS</span>

1- Impact sur les produits
L’augmentation de la demande des consommateurs pour une alimentation durable va avoir une influence directe sur l’offre de produits.

• Augmentation de la préférence pour :
o les aliments de saison, produits localement dans le respect de l’environnement
o les produits permettant une juste rémunération des producteurs
o les produits labellisés

• Développement de l’offre de produits vendus en vrac, permettant ainsi de réduire les emballages et les déchets d’emballages produits par les consommateurs

• Développement de nouveaux emballages, comme les emballages dits « actifs » permettant d’améliorer la conservation des produits (réduisant ainsi le gaspillage alimentaire) ou de faciliter leur utilisation

2- Impacts sur la communication et le marketing
Les consommateurs seront de plus en plus sensibles aux enjeux du développement durable et seront de plus en plus en demande d’informations.

• Développement des labels liés au développement durable, ainsi que des sites internet et applications mobiles correspondantes

• Augmentation de la sensibilité des consommateurs vis-à-vis du prix de production des matières premières agricoles et d’une juste rémunération des agriculteurs

• Risque de confusion pour les consommateurs compte tenu de la multiplicité des labels déjà existants

• Potentiellement, évolution des règles sur les informations communiquées sur les produits

• Multiplication des initiatives des producteurs, industriels et distributeurs allant vers davantage de transparence et de mise à disposition d’informations à destination du consommateur
Par exemple :
o Mise en place d’un étiquetage environnemental sur les produits
o Apposition de labels plus complets, intégrant l’ensemble des aspects du développement durable
o Mise à disposition d’informations allant au-delà du développement durable (nutrition, santé,
origine, transformation, etc.)
o Identification du producteur sur le packaging (nom, photo, adresse) pour davantage de transparence

3- Impacts sur la restauration

Les restaurateurs vont être amenés à modifier leurs offres pour proposer des ingrédients issus des filières durables.
En restauration commerciale et collective :
• Développement de :
o Menus intégrant des ingrédients issus d’une agriculture respectueuse de l’environnement et de la société,
Par exemple : poissons labellisés, produits biologiques ou cultivés localement
o Menus intégrant des protéines végétales
o Menus végétariens
En restauration commerciale :
• Proposition systématique par les restaurants de contenants
permettant aux clients d’emporter les restes de leurs repas pour limiter le gaspillage.

4- Impacts sur l’artisanat

Les artisans pourraient profiter de l’augmentation de la demande de produits durables pour valoriser leur travail et leur démarche.
• Commercialisation accrue et meilleure mise en lumière des produits locaux ;
• Développement continu de la vente en circuit court, renouant le lien entre le produit, le producteur et le consommateur.
• Evolution des recettes proposées pour intégrer plus d’ingrédients issus d’une agriculture respectueuse de l’environnement et de la société et des procédés de transformation préservant encore mieux les qualités organoleptiques et nutritionnelles des aliments.
• Réduction progressive des consommations d’énergie et d’eau utilisées lors de la fabrication des aliments.
• Substitution des emballages à usage unique au profit de contenants réutilisables
• Augmentation des emballages biodégradable et/ou recyclés, par exemple dans le secteur de la boulangerie, de la vente de produits maraichers ou de plats préparés.

5- Impacts sur les circuits de distribution

• Réorganisation des surfaces de vente pour répondre à la demande en produits plus durables
o Développement des signalétiques spécifiques afin de mettre en avant les produits les plus durables : produits de saison, les catégories de produits ayant un impact environnemental plus faible que d’autres, les produits locaux, etc
o Développement de linéaires spécifiques aux produits labellisés, comme cela existe actuellement pour les produits équitables ou issus de l’agriculture biologique

• Suppression de certains produits des rayons comme des espèces de poissons menacées ou des fruits qui ne sont pas de saison
• Développement du nombre de magasins ou linéaires dédiés à la vente de produits en vrac
• Intégration de critères de durabilité dans les cahiers des charges des produits à marque de distributeur
• Développement de gammes de produits équitables, Nord-Sud, mais aussi Nord-Nord, pour répondre aux enjeux sur la distribution de la valeur entre producteurs, industriels et distributeurs.
• Développement de gammes de produits de qualité renforcée et plus chers, permettant une juste rémunération des producteurs
• Développement de modèles de distribution alternatifs à la grande distribution
• Augmentation du nombre de consommateurs achetant leurs produits frais sur les marchés locaux
• Développement des plateformes de consommation collaborative :
o les plateformes de mise en relation des producteurs et consommateurs, comme La Ruche qui Dit Oui !
o les supermarchés coopératifs et participatifs, à but non lucratif, comme par exemple La Louve à Paris qui s’appuie sur 4 principes fondamentaux : le goût, la durabilité environnementale, le respect du commerce équitable et des conditions de travail des producteurs. Ces supermarchés, où seuls les adhérents ont le droit de faire leurs courses, sont gérés par ces mêmes adhérents. Ils privilégient une alimentation favorable aux agriculteurs et respectueuse de l’environnement

6- Impacts sur la logistique et les grossistes

Commerce de gros
• Augmentation des difficultés liées à l’approvisionnement de certains produits ou ingrédients. Par exemple, pour certains produits issus de l’agriculture biologique française, les volumes de production peuvent être encore insuffisants par rapport à la demande et ne permettent pas toujours la mise en place d’une filière locale dédiée (volumes « seuil » nécessaires pour l’investissement d’un silo dédié par exemple) • En restauration commerciale comme en collective, pression auprès des grossistes pour réduire les emballages et renforcer leur reprise. Pour certains opérateurs, des opportunités de fidéliser la clientèle en développant des emballages consignés réutilisables et spécifique à l’opérateur.
• Une gestion parfois difficile de la commande publique (restauration collective) qui ne met pas forcément les moyens au regard des ambitions portées dans les cahiers des charges de leurs appels d’offre. Le surcoût des denrées, selon les déclarations des fournisseurs de la RHD, s’élève en moyenne à 42% pour le bio (variable par filière), à 16% pour le local et à 11% pour l’approvisionnement en circuits-courts (CGI 2016).

Logistique
• Modification des circuits d’approvisionnement des acteurs de la supply chain et des grossistes et de la logistique attenante, voire changement de fournisseurs suite à la fabrication de produits contenant des ingrédients issus de l’agriculture biologique, équitables, labellisés ou de manière générale plus durables
• Optimisation du transport des matières premières et produits afin de limiter l’impact environnemental

7- Impacts sur la transformation
• Substitution d’ingrédients, modification de la formulation des produits, et/ou des approvisionnements pour intégrer des ingrédients issus des filières durables Par exemple : l’huile de palme conventionnelle peut être remplacée par de l’huile de palme labellisée RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil ) ou remplacée par d’autres matières grasses.
• Généralisation de l’écoconception des produits (aliments + packaging) pour diminuer leurs impacts sur l’environnement et la consommation de ressources (énergie, eau, intrants, etc.)
• Développement et mise en place de nouveaux process permettant une meilleure conservation des produits agricoles bruts
• Risque d’augmentation ou de diminution des coûts de production qui pourrait être répercuté sur les prix de vente
• Développement de la communication auprès des consommateurs sur les actions réalisées :
o Substitution d’une matière première controversée par une matière première plus durable
o Affichage environnemental sur les produits
o Bonnes pratiques mises en place
o Etc

• Accroissement de la labellisation de produits pour affirmer auprès des consommateurs son engagement dans une démarche de transparence et valoriser les efforts de la marque, en privilégiant les labels existants ou les démarches de reconnaissances mutuelles pour éviter la multiplication des labels et que le consommateur s’y retrouve.
• Rédaction systématique des rapports « Responsabilité Sociale des Entreprises », au-delà de l’obligation légale pour certaines entreprises, à destination des consommateurs, mais aussi des investisseurs et des clients
• Intégration de critères RSE dans les cahiers des charges établis par la grande distribution et mutualisation des exigences avec les fournisseurs

8- Impacts sur la production agricole
• Développement des modes de production agricoles alternatifs à la production agricole conventionnelle :
o Développement et expansion de pratiques agro-écologiques au sein des exploitations agricoles. Ces pratiques incitent à réduire et à raisonner davantage la quantité d’intrants utilisés que sont les fertilisants, les pesticides, l’eau d’irrigation, l’alimentation animale ou encore les antibiotiques. L’évolution des pratiques est facilitée par l’émergence de nouveaux outils comme l’agriculture de précision ou de nouveaux produits comme les produits de biocontrôle permettant de lutter contre les maladies et les ravageurs.

• Augmentation du nombre de fermes converties en agriculture biologique en raison de la demande croissante en produits biologiques • Accroissement de l’autonomie en protéines végétales pour l’alimentation animale, favorisant le développement voire l’émergence de filières locales tout en limitant la dépendance des éleveurs vis-à-vis des importations d’aliments.
• Limitation volontaire ou réglementaire de l’importation d’aliments issus des zones possiblement sujettes à la déforestation qui peut par ailleurs réduire fortement l’impact de ces aliments sur le changement climatique.
• Augmentation de la part d’aliments non OGM dans l’alimentation animale, qui représentaient 20% en 2012 (Coop de France, 2013)
• Développement continu de nouvelles filières de valorisation des légumineuses, sources de protéines pour l’alimentation humaine et animale, et d’azote pour les cultures suivantes.
• Emergence de nouveaux labels ou mise en avant de labels existants, tels que la certification « Haute Valeur Environnementale » (HVE) créé en 2011 par le Ministère de l’agriculture ou la démarche Agri Confiance, permettant de valoriser les efforts des agriculteurs en matière d’environnement, avec un système de contrôle exigeant, et une évolution de la réglementation en matière de développement durable.
• Développement croissant de la vente directe à la ferme


Travail réalisé par Blezat consulting, le Crédoc et Deloitte développement Durable.
Ce document n’engage que ses auteurs et ne constitue pas le point de vue des commanditaires.
Étude commandée dans le cadre du Contrat de Filière Agroalimentaire par le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, l’ANIA, la CGAD, la CGI, Coop de France, la FCD et FranceAgriMer.

SOURCES :

• ADEME/MES COURSES POUR LA PLANETE, La vente en vrac : pratiques et perspectives, 2012

• ALBEMARLE MARKETING RESEARCH (AMR), Comportements d’achat de produits de la mer dans le monde, juin 2014

• BORD BIA, Périscope 2015, les français et leur alimentation

• CREDOC, 2009, Comment les consommateurs définissent-ils l’alimentation durable, Thierry Mahé , cahier de la recherche n°270

• FAIRTRADE/MAXHAVELAAR, 2015, « Le commerce équitable en chiffres » http://www.maxhavelaarfrance.org/le...

• GREENFLEX, Les Français et la consommation responsable, Etude Ethicity 2016

• LA PLATEFORME POUR UN COMMERCE ÉQUITABLE, « Le commerce équitable local », 2016 http://www.commercequitable.org/lec...

• MES COURSES POUR LA PLANETE, Les chiffres de la consommation responsable, évolutions et tendances, Edition 2015

• NIELSEN, la consommation des français, 2016

• PIPAME (Pôle interministériel de Prospective et d’Anticipation des Mutations économiques), Enjeux et perspectives de la consommation collaborative, Juin 2015 LA PRESSE EN PARLE

• FRANCE INFO, « Les français consomment de moins en moins d’huile de palme », octobre 2014