Comment diminuer les impacts d’activités humaines sur l’environnement ?

L’équation IPAT d’Ehrlich

 Comment diminuer les impacts d'activités humaines sur l'environnement ?

Il existe 3 leviers principaux pour diminuer les impacts des activités humaines sur l’environnement : ils figurent dans l’équation suivante nommé équation d’Ehrlich dite « IPAT » :
L’équation d’Ehrlich , dite IPAT, nous donne une approche globale.

I = P x A x T

montre que l’impact environnemental, noté I, est le produit de trois facteurs : la taille de la Population (P), les consommations de biens et de services ou consumérisme ou niveau de vie (A pour « Affluence » en anglais) et les Technologies utilisées pour la production des biens (T).

Voyons rapidement chacun des 3 leviers :

 1- Le facteur « P » :

La croissance de la population mondiale amènera nécessairement une augmentation des impacts environnementaux.

La population mondiale est de 7.6 milliards de personnes actuellement et elle est estimée augmenter à 9.4 milliards en 2050 principalement dans les régions moins développées, (en jaune sur le graphique) plutôt situé en Afrique et en Asie, on peut imaginer que, selon cette équation que la croissance de la population mondiale amènera nécessairement une augmentation des impacts environnementaux.
La question démographique est centrale dans l’impact environnemental. De nombreuses pistes sont à étudier pour réguler l’augmentation de la population mondiale notamment au niveau des régions les moins développées : aide au développement, aide à la scolarisation des filles, …Nous ne l’aborderons pas plus dans ce cours ! Pour en savoir plus sur ce thème, je vous conseille un essai très bien argumenté, écrit par le démographe Antoine Bueno « permis de procréer »

 2- Le facteur « A » :

« A » représente la richesse par habitant. On peut l’exprimer en PIB par habitant. « A » représente en d’autre terme le consumérisme de la population qui est défini par le dictionnaire Larousse comme étant le « Mode de vie axé sur la consommation et caractérisé par une tendance à acheter systématiquement de nouveaux biens ».
Ce consumérisme est donc un facteur central qui demande aux sociétés et aux citoyens de se questionner sur leur consommation de bien !

On peut constater que la consommation de biens et de services augmente plus rapidement que la population ; ce qui veut dire que nous consommons toujours plus ! Voyons quelques exemples de « surconsommation » au niveau du tourisme, des transports, des télécommunications…etc à travers le concept de « Grande Accélération » qu’ont développé en 2005 les climatologues Will Steffen, Paul Cruzen et l’historien John McNeill pour décrire ce phénomène, révélateur de bouleversements sociaux et environnementaux.

La grande accélération est un concept de l’histoire de l’environnement et des sociétés humaines qui fait référence à la période la plus récente de l’Anthropocène, époque au cours de laquelle, dans un contexte d’intense mondialisation et accélération des progrès scientifiques et techniques et des communications, les impacts des activités humaines sur la géologie, l’environnement, le climat et les écosystèmes terrestres ont fortement, et de plus en plus rapidement, augmenté, ainsi que les prélèvements de ressources naturelles non renouvelables (ou peu, difficilement, lentement, coûteusement renouvelables).


Le concept de la grande accélération
, tel qu’on le voit sur les graphiques ci-dessous nous montre une augmentation quasiment exponentielle de plusieurs indicateurs socio-économiques comme l’augmentation de la population, le GDP, les investissements, la population qui vit de plus en plus en ville, les consommations d’énergies primaires, de fertilisants, la construction de barrages hydroélectriques, la consommation d’eau et d’autres ressources comme le papier, le transport, les télécommunications, le tourisme et ainsi de suite.

Cette augmentation exponentielle des tendances socio-économiques engendre une augmentation quasiment similaire des pressions sur l’environnement, comme une augmentation de dioxyde de carbone, des NOx, d’autres substances comme le méthane, des substances appauvrissant la couche d’ozone, ce qui engendre des impacts tels que l’augmentation de la surface terrestre, une augmentation de l’acidification des océans.
Et ainsi de suite. Sans oublier la déforestation et la dégradation de la biosphère.
Les interactions entre la société et l’environnement peuvent être expliquées par rapport à un cadre d’analyse développé par l’Agence environnementale européenne. Ce cadre nous indique que les activités humaines sont les forces qui exercent une pression sur l’environnement.
Cette pression est illustrée par des émissions de polluants dans l’air, dans l’eau, dans le sol ou respectivement par l’utilisation de ressources telles que l’eau, les terres, des métaux, des ressources fossiles.
Et engendre donc un changement d’état de l’environnement, donc un changement de caractéristiques physiques, chimiques ou biologiques qui sont mesurables.
Par exemple, un changement de la qualité de l’eau, du sol, un changement de la qualité de l’habitat.
Donc, cela induit des impacts. Des impacts sur la santé humaine, sur les écosystèmes et leur capacité à fournir des services à l’humain.
Ceci on peut le mesurer par rapport à des impacts sur le changement climatique, par rapport à des impacts sur la perte de biodiversité, déplétion de ressources et ainsi de suite.
Et finalement, les réponses correspondent à ce qui est mis en œuvre pour palier à cette situation observée.
Cela peut être fait par l’implémentation de lois, de réglementations ou bien de changements de comportements individuels ou de sociétés.
Et dans le milieu des affaires, par un changement des différents modèles d’affaires.
On pense à des concepts comme l’économie circulaire. Ou bien la servicisation.

Prenons l’exemple d’un système agricole qui produit du lait et de la viande.

Pour ce faire, on a besoin d’une ferme. Cette ferme doit être, bien évidemment, localisée sur des terres qu’il a fallu préalablement défricher. On a besoin d’intrants pour produire ce que la ferme a besoin. Donc, d’insecticides, de fertilisants. On a besoin de la machinerie pour produire le blé, pour produire le fourrage qui sert au bétail, pour produire du lait et de la viande. Le bétail lui-même engendre des émissions dans l’environnement, notamment la fermentation entérique qui génère du méthane, un gaz à très haut potentiel d’effet de serre. Et puis finalement, une fois qu’on a produit du lait et de la viande, il faut les transporter, distribuer jusqu’aux consommateurs. Donc, vous voyez, on a des activités humaines dans le système de la technosphère qui génèrent une pression sur l’environnement. Et cette pression sur l’environnement va générer ultimement des impacts qu’on essaye de mesurer sur l’écosystème, sur l’humain et sur l’appauvrissement des ressources.

On voit d’après ces graphiques traduit de l’étude nommée «  the Great Accélération  » que ces soixante dernières années, les êtres humains ont altéré les écosystèmes plus rapidement et plus profondément que dans aucune autre période comparable de l’histoire humaine. Les courbes figurant les tendances historiques de l’activité humaine et les changements physiques qui ont affecté le système terrestre présentent une progression lente depuis 1750 et une croissance exponentielle après 1950.

On peut tout un chacun en tant que citoyen réfléchir à ses habitudes de consommation pour réduire notre impact sur l’environnement.

On peut néanmoins faire aussi le constat que la richesse par habitant n’est pas uniformément répartie sur notre planète :

Comme vous voyez aujourd’hui, la richesse est très mal répartie sur la planète, les 20% de la population se partagent environ 80 pour cent des revenus mondiaux.
40 pour cent de la population mondiale vit avec moins de 2 dollars par jour.

Puisque notre système économique est basé sur le principe de la croissance, on peut prévoir donc une constante augmentation du consumérisme (A).

 3- Le facteur T : la technologie au service de l’environnement ?

Il s’agit du facteur technologique.
Il s’agit de développer des biens et des services qui génèrent le moins d’impact sur l’environnement.
Le levier « technologique », représente des impacts par unité de richesse produite, et donc ce sont les impacts associés aux émissions et aux consommations de ressources pour la production, le transport, l’utilisation et la fin de vie de produits ou de services.

On peut donc réécrire l’équation de cette façon :

En résumé, si la population augmente, si l’affluence ou le consumérisme des personnes augmente, il faudra bien sûr diminuer les impacts environnementaux des biens et services consommés.

Pour résuire l’impact sur l’environnement des technologies on peut envisager deux types de stratégies :

 31- Approche curative ou « End of pipe »

Elle consiste à traiter les déchets et polluants générés par les activités humaines (traitements des déchets, Stations d’épuration, dépollution des sols…) ;
C’est une approche locale. Néanmoins l’ensemble de ces techniques curatives génèrent elles même des impacts environnementaux. On parle de transfert d’impacts.

 32- Approche préventive ou Eco-conception

Depuis une dizaine d’années, une nouvelle approche plus préventive a vu le jour : il s’agit de l’éco-conception. C’est une méthode globale qui consiste à connaitre et réduire dès la mise au point du produit l’ensemble des impacts environnementaux sur tout son cycle de vie. Cette méthode préventive évite les transferts d’impacts.

Pour une entreprise il est nécessaire d’intégrer et coordonner les 2 approches locale et globale.

 33- L’analyse du cycle de vie (ACV)

Afin de faire de l’écoconception pour réduire les impacts environnementaux d’un bien ou d’un service, il est nécessaire de connaitre ces impacts et d’être capable de les mesurer.
Comme le disait Lord Kelvin : « Si vous ne pouvez pas le mesurer, vous ne pourrez pas l’améliorer ! »

En terme de méthodes d’évaluation des impacts environnementaux d’un produit, l’analyse du cycle de vie (ACV) ou LCA en anglais (Life Cycle Assessment) fait référence.

C’est une méthode qui permet de considérer l’ensemble des étapes du cycle de vie d’un produit depuis l’extraction des matières premières jusqu’à sa fin de vie en passant par les étapes de fabrication, transport et utilisation.
Durant chaque étape du cycle de vie, ce système a des interactions avec l’environnement : extraction de ressources naturelles et émissions de substances. Ces interactions causent des impacts que la méthode de l’ACV permet d’évaluer avec une approche multicritère : pas seulement sur le changement climatique, mais aussi sur la destruction de la couche d’ozone, la raréfaction des ressources naturelles…etc.

Ces 2 caractéristiques (étude de l’ensemble des étapes + approche multicritères) font que cette méthode de l’ACV permet d’éviter des transferts d’impact entre étapes du cycle de vie ou entre catégories d’impacts :

Un transfert d’impact entre étapes du cycle de vie ou entre catégories d’impacts est généré lorsque la réduction d’un impact d’une étape aggrave les impacts d’autres étapes.

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