Les tendances 2016 de l’innovation
Graines, légumineuses et produits naturels : les professionnels de l’alimentaire qui présenteront leurs nouveautés au Salon de l’alimentation [Sial] en octobre surfent sur la tendance de la nourriture saine.
D’abord la santé
La confiance n’est plus dans l’assiette. Les consommateurs se méfient de ce qu’ils mangent, particulièrement les Français. Pour 79 % d’entre eux, il est probable que les aliments nuisent à leur santé, selon une enquête TNS Sofres pour le Sial. Une progression de 20 points par rapport à 2014 ! Cette tendance n’a pas échappé aux industriels, qui présenteront leurs innovations au salon international de l’alimentation (Sial) en octobre à Paris.
1- Super-graines et super-fruits
« Aujourd’hui, la qualité santé passe par le côté naturel du produit, permettant de booster son énergie ou de renforcer ses défenses immunitaires de manière naturelle », observe Xavier Terlet, fondateur du cabinet de conseil XTC world innovation.
Pour manger sain, ce sont les « supergraines » qui ont le vent en poupe. « 2016 est l’année des légumineuses : les pois, les lentilles, très riches en fibres et en minéraux qui peuvent être présentés sous la forme de pâtes ou de cœur de repas pour remplacer la viande ou le poisson >>, explique le consultant, qui cite par exemple des pâtes à la farine de légumineuses. Autres stars du « bien manger » : les jus à base de « supers fruits » -baie de goji, baie d’açaï-, de « super-graines » comme le Chia (graine du Mexique), « super-champignons » (le Kombucha, présenté comme « champignon de longue vie ») ou encore les mélanges de céréales avec des feuilles de Moringa, présenté comme « l’arbre aux 300 bienfaits ».
2- La tendance du << sans >>
Du naturel et pas d’additif. Les aliments simples << pas trop transformés, pour être certains de ne pas avoir d’ingrédients suspects >> sont préférés par 70 % des Français. Et 53 % d’entre eux recherchent des aliments sans colorant, sans conservateur. Une tendance à mettre en parallèle avec le succès croissant du bio, qui, même s’il reste un marché de niche (2,5 % du marché alimentaire total), progresse. De 2007 à 2012, le marché a doublé. Il a progressé de près de 20 % entre 2012 et 2014 et de 14,7 % en 2015, selon l’agence bio. Dans d’autre pays, ce succès du « sans » a conduit au développement du « raw food » qui commercialise des produits bruts, crus, peu, voire non transformés, comme du « chocolat cru et gourmand dont les fèves ne sont pas torréfiées et sont moulues à froid »
3- L’origine valorisée
L’alimentation est aussi affaire de packaging. Vous allez voir se multiplier sur les emballages, et en gros, la mention de l’origine des produits. Car, après les multiples scandales sanitaires, pour être sûrs de bien manger, les consommateurs veulent savoir d’où viennent les aliments (74 % d’entre eux disent y être attentifs). Et sinon, quoi de mieux que de produire soi-même pour être sûr de la qualité ? Selon l’enquête TNS .Sofres pour le Sial, un peu moins d’un Français sur deux affirme cultiver ses fruits, ses légumes ou ses herbes aromatiques.
4- L’environnement ne fait pas recette
Les consommateurs ne sont pas à une contradiction près. Ils jugent massivement important de réduire le gaspillage alimentaire (près de 85 % ou plus dans tous les pays, sauf la Russie à 66 0/0, selon l’enquête TNS Sofres pour le Sial) et d’acheter des produits alimentaires respectueux de l’environnement (86 % des Français). Pourtant, ils ne font pas de. l’environnement un des critères prioritaires de leurs achats. « Le passage à l’acte reste difficile, peut-être parce que le prix, la qualité gustative ou encore l’aspect pratique des produits ne correspondent pas aux attentes », Pascale GrelotGirard, directrice innovation et compréhension des consommateurs chez TNS Sofres. Résultat : ce créneau intéresse peu les industriels, qui ne cherchent pas trop à innover en la matière. « L’offre produit reste limitée, et ne représente que 4 % de l’offre mondiale » , note Xavier Terlet, fondateur du cabinet XTC World innovation qui pointe des pistes : réduction du gâchis et des emballages ou valorisation de la préservation des ressources et du bien-être animal.
5- Bientôt la nourriture connectée ?
Internet change-t-il notre manière de manger ? Les rayons alimentaires ne débordent pas encore d’aliments connectés, mais certains industriels commencent à exploiter les possibilités des nouvelles technologies.
Le « web peut donner des informations sur les produits que nous mangeons », explique Xavier Terlet. L’exemple le plus classique est l’usage d’un QR code sur une bouteille d’huile d’olive ou un paquet de nouilles qui permet de donner accès à des informations complémentaires, connue la traçabilité complète du produit ou des recettes à base de cet ingrédient.
Les produits « connectés » sont encore peu nombreux sur le marché, selon le fondateur d’X’PC world innovation, qui cite le « biscuit connecté » (groupe Poult) : une application à télécharger permet de voir et d’entendre le message délivré sur le biscuit en réalité augmentée et de recevoir des informations thérapeutiques sur son téléphone. « Les nouvelles technologies peuvent aider ä produire ou ä personnaliser les aliments », ajoute Xavier Terlet, avec un exemple : Lilo : votre jardin d’intérieur (prêt à pousser). il s‘agit d‘un « kit pour faire pousser ses herbes aromatiques à domicile, totalement connecté en lien avec une application mobile pour régler la puissance du cycle lumineux » de la LED éclairant le dispositif. Et demain. l’imprimante 3D pour la nourriture ? Quatre consommateurs sur dix souhaiteraient l‘utiliser dans un avenir proche ou lointain, surtout en Asie, au Moyen-Orient et en Espagne selon l‘enquête TNS Sofres pour le Sial.
6- méthodologie de l’enquête
L’étude TNS Sofres Food 3601M Edition 2016 a été réalisée sur Internet sur des échantillons nationaux représentatifs en France, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni et Etats-Unis ; Russie (villes de plus de 100 000 habitants) ; Chine (villes de premier rang et capitales des zones les plus développées) ;pays de l’Asie du Sud-Est (zones urbaines d’Indonésie et de Malaisie) ; pays du Moyen Orient (zones urbaines des Émirats Arabes Unis, de Bahreïn, Oman, Qatar et Arabie Saoudite). Selon les pays, échantillons d‘environ 500 individus âgés de 18 ans et plus ou 1&55 ans, représentatifs selon la méthode des quotas en termes de sexe, âge, région et catégories socio-économiques. Interviews réalisées en ligne du 25 mars au 22 avril2016.
Le Sial :
L’enquête a été réalisée pour le Salon international de l’alimentation (Sial) qui réunit tous les deux ans à Paris les industriels de l’alimentaire du monde entier. Il se tiendra cette année du 16 au 20 octobre à Paris Nord Villepinte. En2014,il avait réuni 6 500 exposants présentant les innovations alimentaires de 104 pays.