« Omerta sur la viande » : Pierre Hinard, ancien directeur qualité devient un lanceur l’alerte sur les pratiques frauduleuses de remballes en industrie de la viande !
C’est un brûlot que livre Pierre Hinard, ancien directeur qualité chez Castel viandes. Son ouvrage, témoignage de son parcours au sein de l’entreprise est paru ce jeudi 13 novembre 2014 aux éditions Grasset.
: Pierre Hinard, ancien directeur qualité chez Castel viandes témoigne de pratiques honteuses de remballes frauduleuses d’un industriel de la viande !
En mars 2013, après ses accusations, une perquisition largement médiatisée se tient dans les locaux de Castel viandes à Châteaubriant.
Une information judiciaire est ouverte, s’en suivent 3 mises en examen de responsables de Castel viandes pour “tromperie sur la qualité substantielle de la marchandise et non respect du cahier des charges”, et “mise sur le marché de produits d’origine animale préjudiciables à la santé.”
Dans son livre choc, Pierre Hinard se définit comme un lanceur d’alerte : il révèle son parcours au sein de l’entreprise, et dénonce des pratiques de remballe frauduleuse, des irrégularités dans la traçabilité, la défaillance des services de l’état et des services vétérinaires.
L’enquête est toujours en cours.
Un extrait du livre
« “Nous sommes le 8 décembre 2008 : je le préviens (NDLR : le chef vétérinaire de l’entreprise) que j’ai un sérieux doute sur la légalité de certaines pratiques de découpe concernant des retours de colis. Nous rentrons dans son bureau où il me confirme que la limite maximale autorisée entre l’abattage et le début de congélation est de huit jours ou, si la date d’abattage n’est pas connue de l’opérateur, la congélation peut intervenir dans le tiers de la date limite de consommation, pour une viande découpée. A savoir qu’on ne peut en aucun cas, passé dix jours (si la date limite de consommation est de trente), retailler une viande qui a déjà été conditionnée pour être congelée… “Il y a bien un problème puisque les viandes dans notre atelier de piéçage ont été découpées de vingt-cinq à quarante jours après la mise sous vide, pour être congelés…” lui dis-je. Ce jour-là, j’ai pris la précaution d’enregistrer ce zélé fonctionnaire de l’Etat, ce qui me permet de retranscrire ici précisément nos propos. “J’ai plus grave aussi : samedi dernier, le 29 novembre, on a fait de la remballe d’un lot périmé…” “Ahhh ce Jeff ! “ l’entend-on répondre. Et de partir d’une franche rigolade.
Ainsi, le chef vétérinaire rit de cette bonne blague. Je sors sonné de son bureau. Deux de ses subordonnés m’emboîtent le pas et me suivent dans le couloir, des gens bien qui ont abandonné leurs illusions après avoir vainement bataillé, au fil des années.
“Tu n’aurais pas dû te confier à notre patron, me disent-ils. Il est de mèche avec le tien”. Trop tard. Dans l’heure, la DG, Véronique Viol traverse la rue qui sépare son bureau du mien et s’exclame : “Dehors !” Celle-là même qui m’avait confié un an plus tôt, en pleine affaire Flunch : “Pierre, vous êtes le gendarme de l’entreprise. Vous ne devez pas céder aux pressions… Ils sont inconscients des risques qu’ils font prendre à l’entreprise…” »
Voici une vidéo de l’interview donnée sur Europe 1 le jeudi 13 novembre 2014 :
Pierre Hinard : "On a recyclé des viandes... par Europe1fr
Voici une seconde vidéo réalisée par le Point :